Problématique : Qu’est-ce qu’une espèce?
La notion d'espèce
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A partir des documents ci dessous, propose 3 critères permettant d’établir que des individus appartiennent à la même espèce.
Expliquez qui a proposé pour la première fois chaque critère ? -
Quel changement apportent Lamarck, puis Darwin au concept d’espèce ?
Document 1 : L'espèce à l'Antiquité.
Selon Aristote (384-322 av. JC), les espèces regroupent des individus qui se ressemblent. La notion d'espèce est également associée à l'idée d'une descendance. L'espèce résulte en effet de la capacité des individus à se perpétuer, semblables à eux-mêmes. Chaque espèce est dans la conception aristotélicienne une réalité naturelle possédant une essence stable (le terme espèce est issu du grec eidos qui signifie « idée, forme »). L'espèce ainsi définie par sa forme (son essence) est fixe et immuable. Si Aristote reconnaît l'existence d'une variabilité intraspécifique, ces variations sont toutefois considérées comme des accidents.
Document 2 : La perception prédarwinienne des espèces (du XVII au XIXème siècles)
S'inspirant des travaux du botaniste anglais John Ray (1627-1705), le médecin et botaniste suédois Carl von Linné (1707-1778) propose la définition suivante de l'espèce : une espèce est « un ensemble d'individus qui engendrent, par la reproduction, d'autres individus semblables à eux-mêmes ».
Cette définition associe étroitement deux critères : celui de ressemblance et celui de descendance. Par ailleurs, Linné adopte une vision fixiste des espèces. Les espèces, qui ont été créées par Dieu, sont immuables. Linné précise que « nous comptons aujourd'hui autant d'espèces qu'il y a eu au commencement de formes diverses créées ». La question de l'origine des espèces est donc placée dans un cadre théologique, en-dehors du champ d'investigation scientifique.
Document 3 : Une vision évolutionniste de l’espèce dès le XIXème siècle
Au 19ème siècle, deux naturalistes proposent des théories fondées sur une transformation des êtres vivants au cours du temps. Il s'agit de la théorie du transformisme de Jean-Baptiste Lamarck (1744-1829), et de celle de transmutation des espèces par le mécanisme de sélection naturelle développée par Charles Darwin (1809-1882). Les espèces naissent, se transforment, puis meurent ou donnent naissance à de nouvelles espèces. Les espèces sont ainsi généalogiquement apparentées entre elles
Document 4 : Au XXe siècle, Mayr et la définition biologique d’Espèce
En 1942, l’évolutioniste* américain Ernst Mayr propose une nouvelle définition de l’espèce. Pour lui, une espèce regroupe des populations** à l’intérieur desquelles les individus sont réellement (ou potentiellement) capables de se reproduire. C’est la reproduction qui permet de définir la séparation entre deux espèces.
Le médecin et biologiste français Jacques Ruffié, propose en 1982, dans son livre Traité du vivant, la définition d’espèce qui est encore adoptée par la communauté scientifique aujourd’hui. Il dit que l’espèce existe dans la nature, mais que tous les autres niveaux de classifications (Règnes, embranchement,…) ne sont que des inventions de naturalistes. On arrive donc avec une définition de l’espèce étant un ensemble d’organismes qui se ressemblent, qui peuvent se reproduire entre eux et dont la descendance peut également survivrent et se reproduire.
sources :
Histoire des Sciences de la Vie, Pascal Duris et Gabriel Gohau, Belin 2011
Guide critique de l'évolution, G. Lecointre - C. Frotin - G. Guillot - M.L. Le Louarn Bonnet, Ed. Belin 2009
André Lalande, Vocabulaire technique et critique de la philosophie. P.U.F.
Sylvain Auroux et Yvonne Weil, Nouveau vocabulaire des études philosophiques. Hachette
Objectifs :
Mesure des Compétences :
- s’informer : lire et comprendre un texte
- raisonner : argumenter à partir de documents
- Avoir une vision historique et progressiste des sciences
Apport de connaissances et vocabulaires :
- Espèce, evolution, Charles Darwin